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YASMINA ZIAN, DOCTEURE EN HISTOIRE, RÉDACTRICE DU RAPPORT "L'AVENIR DES COLLECTIONS EXTRA-EUROPÉENNES"

Yasmina Zian, Docteure en histoire, rédactrice du rapport "L'avenir des collections extra-européennes"

Yasmina Zian est chercheuse en histoire. Elle travaille sur l'histoire coloniale et ses conséquences dans notre société contemporaine, dont le traitement du débat sur la restitution des patrimoines culturels acquis pendant la période coloniale. Elle est rédactrice du rapport "L'avenir des collections extra-européennes", commandité par la Fédération Wallonie-Bruxelles

En quoi votre parcours vous a-t-il conduite à votre métier actuel ?

J'ai depuis longtemps été intriguée par la façon dont l'exclusion d'individus sur base de leur identité fonctionnait. Après mes études d'histoire et mon mémoire sur la représentation des Arabo-Swahilis par les agents de Léopold II au Congo, cela m'a semblé naturel d'entamer des recherches sur l'antisémitisme en Belgique pendant la période 1880-1930. Aujourd'hui, je travaille sur la restitution des patrimoines culturels et je suis particulièrement attentive à la manière dont s'articulent les discours des gouvernements, les actions des acteurs de la société civile, les recherches menées dans le milieu académique et l'intervention des professionnels des musées. J'aime confronter le niveau macro (les gouvernements) avec le niveau micro (les acteurs qui agissent à un niveau individuel).

Votre cœur de métier a-t-il changé suite aux bouleversements vécus ces deux dernières années ?

Les réunions en visioconférence sont devenues la norme. Heureusement dans certains espaces il est encore possible de rencontrer des gens en vrai. Ces rencontres sont essentielles pour construire des relations de confiance qui sont plus que nécessaires dans le cadre de recherches sur un terrain.

Un message pour les prochaines générations de professionnel.le.s de la culture ?

J'aime beaucoup le travail de Nanette Snoep, directrice du Rautenstrauch-Joest-Museum à Cologne. Elle fait rentrer la polémique dans le musée, n'a pas peur ni de la confrontation, ni des critiques, ni du bruit. D'une certaine façon, je pense que sa démarche de désacralisation du musée permet sa démocratisation. Je pense qu'on devrait tous et toutes s'en inspirer, tant dans le milieu universitaire que dans le secteur culturel.

Crédit photo : Victoria Smith

 

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